Harcèlement mral, un témoignage....

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"L'organe qui combat le mépris et les minables"

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HARCELEMENT

Nous publions un excellent article paru dans la Gazette de communes n° 1531 en date du 3 janvier 2000. Il fait réfléchir...

Harcèlement moral, quand tu nous tiens !

Quand le harcèlement moral se mêle à la chasse aux sorcières... Extraits d'un témoignage particulièrement poignant que nous avons reçu. Sans commentaires.

je travaille en qualité de technicien chef au sein d'un centre technique municipal, et je suis chargé de diriger les équipes bâtiment, le magasin, le service auto, les fêtes et cérémonies. Ma hiérarchie se compose d'un ingénieur subdivisionnaire, d'un architecte en chef et du DGST. Le travail est très prenant mais plaisant, et l'ambiance générale de la mairie est conviviale. (...)

Des élections municipales ont lieu, et c'est une nouvelle équipe qui arrive, chose que j'accepte, puisqu'ils sont élus. Au bout de six mois, les premières fausses notes ont lieu, et vont crescendo. Les reproches du maire adjoint chargé des services techniques sont que: je manque de responsabilité et de compétence; il n'y a pas d'organisation et de planification des tâches ; j'ai une volonté marquée de ne faire que ce qu'il me plaît et je méprise les agents sous mes ordres (rien que ça!).

J'essaie de m'expliquer. On me répond: "On se démet ou on se soumet! " Parallèlement, un audit est mis en place pour les services techniques et tous les membres sont consultés, selon les qualifications. L'audit est reçu toutes les semaines, par le nouveau secrétaire général et le nouveau maire adjoint des services techniques pour faire le point sur l'avancement! je suis contacté, à deux reprises, pour exposer mon travail et faire part de mes suggestions pour le futur.

Déjà, je commence à sentir des réticences auprès de mes collègues, supérieurs ou subordonnés, mais rien de grave. le grand jour des résultats de l'audit est arrivé et tous les services techniques sont convoqués pour entendre la bonne parole. Le responsable (en chef) expose les objectifs, les démarches, les analyses et résultats.

On arrive au CTM pour annoncer à l'auditoire que l'encadrement bâtiment doit être remplacé, à cause des graves dysfonctionnements constatés lors des auditions et des analyses de l'organisation. Mon nom est cité plusieurs fois. Les coups de massue pleuvent. C'est un procès stalinien. Inutile de vous faire part de mon état d'âme, descendu en flamme devant tout le monde, sans aucune pudeur ou considération pour l'être humain.

Dans tout l'auditoire, un silence glacial s'installe et les litanies continuent. L'exposé et les propositions terminés, le maire remercie l'agence et précise que toutes les recommandations seront prises en compte.

Afin de détendre l'atmosphère, un buffet est organisé, mais, on ne sait pourquoi, tout le monde quitte rapidement les lieux. Pour ma part, le sort est scellé, et certains agents me demandent " naïvement " si tout va bien.

La nouvelle municipalité, n'ayant pas de remplaçants immédiats, me laisse aux commandes du CTM où j'ai continué d'assurer mes fonctions, sans états d'âme apparents.

Sans que je ne demande rien, les syndicats ont défendu ma cause en commission paritaire devant le premier adjoint en disant qu'il était incohérent de prétendre qu'une seule personne était responsable.

Jusque-là, j'étais considéré comme un homme sérieux et responsable, et ce depuis plusieurs années. Alors? Suite à cela, le premier adjoint me convoque pour s'excuser du déroulement de l'audit. Il m'assure que des dispositions seraient prises, afin de me donner un poste où je pourrai m'épanouir.

Le maire me fait venir, à son tour, en affirmant qu'il n'aime pas faire mal, il conclut que je ne suis pas un meneur d'hommes et qu'il avait bien fallu trancher.

Le couperet était effectivement tombé, le masque aussi!

Plusieurs mois après, mon remplaçant arrive et le passage des consignes prend une semaine.

J'ai donc réintégré la mairie, au titre de chargé de mission, pour effectuer des tâches spécifiques et la mise en place du patrimoine immobilier sur un logiciel adéquat.

Seulement, pas de bureaux, pas d'ordinateur et la consigne était de ne pas trop me surcharger!

Une deuxième phase était en route! Certains responsables " en titre" firent passer le mot qu'être vu en ma présence pouvait nuire gravement aux carrières.

Les tâches confiées étaient sans grand intérêt ou n'étaient pas franchement fixées, ce qui me donnait l'impression de marcher dans un champ de mines.

Le vide s'est peu à peu créé et le moral s'en est ressenti ; j'ai dû prendre des neuroleptiques, consulter un spécialiste et essayer de retrouver des appuis où je pouvais.

(.... ) Honnêtement, ce fut une véritable traversée du désert et je me demande encore comment je n'ai pas sombré ou dérapé. (.... )

Au milieu de ce marasme, cet été, durant les congés, une déconnexion mentale s'est opérée et maintenant je tranche parfaitement entre mon identité et le travail.

Ce que l'on peut penser ou dire, même ce qui est le plus bas, m'indiffère et désormais ne peut m'atteindre.

J'étais si fragile; j'avais tellement besoin d'être reconnu, compris, aidé! Maintenant, je m'en moque totalement, car j'ai fait le deuil de mon ancienne vie professionnelle. Chercher ailleurs?

Bien sûr, mais pas n'importe où, pas n'importe quoi, ni n'importe comment, car mes trois enfants ont besoin de moi. (...)

Merci "messieurs les élus", merci chers " collègues " : grâce à vous, je sais que ne faut faire confiance à personne.

Cependant, dans la solitude et le désarroi le plus noir, il y a encore quelques rayons de soleil. Avec le temps, va, tout s'en va. Heureusement, les élus aussi!

jean-Hervé Tanneau

 

 

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