UN SCANDALE à LAVAL

 

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L' ENVERS DU DECOR

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Christian Plouzeau est un artiste, un vrai, qui attache plus d'importance à ses œuvres qu'à ses conditions de travail ou ses revenus. Du moins jusqu'à un certain point, car le "ras-le-bol" a fini par envahir le personnage qui n'a pourtant rien d'un contestataire.

Sa spécialité : la maquette. Toutes les maquettes, de la crèche au train, en passant par la rue de la Paix au XIXème ou au petit bateau qui va sur l'eau.

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Ça tombe bien, François d'Aubert est un fana de maquettes. Voir le monde en miniature à ses pieds, renverser un personnage ou modifier une façade, apprécier les petites choses, c'est sa passion depuis tout petit…

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LE PUR PRODUIT DU SYSTEME

Christian Plouzeau est arrivé à Laval le 1er octobre 1995. Membre de l'ICOM-UNESCO, il se préparait à partir pour Cuba, son déménagement était commencé. Il allait y créer un musée naval des Caraïbes. A la recherche de sponsors, il avait alors pris contact avec la Maison Cartier, où travaillait l'épouse de l'éphémère secrétaire d'Etat au budget, et nouveau maire de Laval, François d'Aubert. Et la passion de ce dernier pour les maquettes l'amène, le mercredi 12 septembre 1995, sur le coup de 22h 30 à appeler Christian Plouzeau, et à lui fixer un rapide rendez-vous en son bureau de Bercy le 19 septembre à 15 heures.

Et dès le 1er octobre, Christian Plouzeau rentrait à la mairie de Laval, avec un vague "statut d'intervenant" (il proposait un taux horaire d'intervention, et payait lui-même ses charges sociales : le rêve pour un employeur libéral !). En fait, c'est la mairie qui fixera unilatéralement le salaire et s'acquittera des charges sociales. Pour 67 heures par mois pendant 3 mois, et sans congés payés !

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En 1996, deux nouveaux contrats lui seront remis. Mais toujours pas de carte de congés, et pas d'indemnité de congés payés sur ses bulletins de salaires. Et en 1997, il signe 5 contrats, toujours sans carte de congés ni indemnités. En juin 2001, il comptabilise ainsi 12 contrats successifs.

Les travaux de Christian Plouzeau sont multiples : les crèches de Noël, généralement commandées en catastrophe, comme si le petit Jésus n'était pas vraiment né le 25 décembre… et pas de crédits. Alors, la nuit, l'artiste fait les poubelles, récupère des caisses en bois, du carton…

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Pendant une période sans aucun travail, de janvier à novembre 1998, et pour justifier son salaire, l'artiste construit à ses frais une gabare qui ornera le bureau de François d'Aubert. Le 16 novembre, la crèche 1998 lui est commandée.

En 1999, pas de travail de janvier au 22 octobre. Alors, toujours par scrupules, et ne souhaitant pas courir le risque d'une accusation de "recel d'emploi fictif", Christian construit, en payant lui-même les fournitures, un galion de la fin du XVIème pour Monsieur le Maire. Fin octobre, il s'attèle à la crèche 1999 : avec 1500 f, il doit réaliser une maquette de 48 m2 ! Là encore, il récupère de bric et de broc. Et toujours pas de congés payés…

Il réalise ensuite une maquette de bateau pour l'Office de tourisme.

En février 2000, Monsieur le Maire lui passe commande d' une reproduction de la rue de la Paix en 1901, avec un train.

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Christian Plouzeau, qui se déplace avec son véhicule personnel, et utilise son téléphone personnel, son outillage personnel, ne dispose, bien évidemment, d'aucune tenue de travail…

Bref un statut moyenâgeux que viendra bien vite confirmer le local mis à la disposition de l'artiste, et où il travaille depuis 5 ans : la Tour Renaise.

LE PRISONNIER de la TOUR

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L'atelier de la Tour Renaise relève lui aussi de la maquette :

cette petite salle, d'un diamètre de 4 mètres et d'un volume de 33 m3, sans fenêtre, sans issue de secours, remplie de bois et de produits inflammables, sans évacuation, sans aération, sans extincteur, sans téléphone, sans toilettes, sans lavabo, sans chauffage autre que la chaleur des lampes hallogènes, à l'air humide, chargé de poussière, avec les odeurs d’ammoniaque, de trichlore, de colles, de vernis, de peintures, de fermentation des bois humides, une ambiance difficilement respirable...

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Ce local ressemble à un cachot, et Plouzeau, qui devient claustro, à un travailleur clandestin.

Clandestin à tel point que sa hiérarchie l'ignore. Son courrier administratif revient même avec la mention "inconnu au service" !

Comme bien d'autres, il n'est pas en odeur de sainteté auprès de l'adjointe à la Culture. Mais là, ce n’est pas vraiment original...

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Sa seule compagnie : un rat apprivoisé, pour qui c'est la vie de château… Plouzeau l'a baptisé "Flambeur".

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C'est à genoux par terre qu'il doit découper des panneaux de contreplaqué de 3 m sur 1,50 m. Son établi, c'est une table d'enfant de 50 cm de haut récupérée dans une école.

Son bois est humide car il est stocké en extérieur : normal, impossible de faire autrement, le garage disponible au Musée de la Perrine est occupé en permanence par la caravane et la remorque de son chef de service.

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Et c'est au cutter qu'il doit le découper, ne disposant d'aucun outillage électrique.

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Une vie au cachot, remplie de solitude, donc, qui rend bien dérisoires ceux qui, à la mairie, se plaignent d'être au placard !

Et comme Plouzeau ne compte pas ses heures, il y vit une bonne partie de son temps. D'autant plus difficile à supporter que l'artiste souffre d'un handicap cardio-respiratoire reconnu par la COTOREP depuis 1980, situation confirmée en 1984, 1989 et 1994. Cette situation est aggravée par la déshydratation quotidienne.

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Mais comme il n'eut droit qu'à une visite médicale en 6 ans (le 13 mars 2001), la ville ne le savait peut-être pas…

Alerté, le médecin du travail a pris l'affaire très au sérieux, s’est rendu 6 fois sur place en quelques semaines, et a immédiatement envoyé Christian Plouzeau à l'hôpital pour y subir en urgence une série d'examens ORL ; des radiographies ont alors été prescrites, car Christian est victime d'hémorragies nasales récidivantes.

Et le nouveau chargé de sécurité a établi un rapport sévère le 16 mai 2001. Mais aucun élu n'est venu rendre visite au maquettiste, malgré ses demandes réitérées, pour constater ses conditions de travail : cachez ce saint que je ne saurais voir !

Seuls, le responsable du Patrimoine et quelques syndicalistes s'intéressent à son sort.

 

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Et pourtant, il n'en veut pas à d'Aubert, pour qui il veut encore professer de la sympathie. "Il ne sait pas tout cela", répète-t-il comme pour s'en persuader, "on lui cache"…

Alors, il reste à Christian Plouzeau à meubler ses temps morts en construisant un super atelier, moderne et aux normes, en… maquette !

Toutefois, il bénéficie quand même d'une sorte de compensation : un article flatteur du bulletin de d'Aubert, Laval infos, de mai 2001 qui fait l’éloge de "ses doigts habiles" et de son "cerveau sans cesse en ébullition". Pourquoi tu tousses ?