La lecture d'un article consacré aux "martyrs de Laval" , paru dans le numéro 91 de LAVAL INFOS, a suscité de multiples réactions au sein de la population Lavalloise notamment à propos du portrait caricatural de Maximilien de Robespierre  dressé par le rédacteur en chef de LAVAL INFOS.

Le Vecteur Libre et Indépendant s'associe à cette émotion et vous livre la réaction d'André Warnet, citoyen, libre penseur et contribuable.

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DECOUVREZ LES DISCOURS DE ROBESPIERRE

A monsieur le rédacteur de LAVAL infos,

Vous êtes le rédacteur (en chef) du mensuel d'informations de la ville de Laval. J'ignore, monsieur, si cela vous confère un privilège particulier en matière de choix, mais force est de constater avec la sortie du numéro 91 que pour la seconde fois vous mettez votre plume au service des adorateurs de l'armée vendéenne. Votre panégyrique et vos épanchements sur les " martyrs de Laval " iront certes droit au cœur de l'Association du Souvenir de la Chouannerie Mayennaise ; mais vous oubliez, monsieur le rédacteur (en chef), que Laval infos paraît grâce à l'argent des contribuables et qu'ils ne sont pas tous disposés à subir votre propagande.

Vous pouvez, à votre guise, vanter les mérites du " Microbus Gruau qui se rend où les autres bus ne vont pas... " ou, rappelant l'œuvre de la république dont l'existence fut menacée par les chouans en 1794, appeler " Aux urnes citoyens ! " ; mais rien ne vous autorise à défigurer l'Histoire.

Or, ce que vous écrivez à propos de Robespierre est faux, inepte et odieux.
Je vous cite : " ..1794, année où le pouvoir est détenu par un célibataire mal dans sa peau, qui déteste les femmes, l'amour, les enfants, la vie quoi ! Un monstre qui finira, lui aussi, en deux morceaux, Maximilien Robespierre, alias L'incorruptible… " !?

Quand on se pose en informateur, on commence par s'informer.

Vous auriez dû vous intéresser auparavant aux Etudes sur Robespierre par ALBERT MATHIEZ (éditions messidor). Vous auriez appris deux choses. La première, c'est le tournant que Robespierre eut à prendre le 27 mars 1793, en raison des risques encourus par la Révolution. La seconde, c'est le combat qu'il livra jusqu'à sa mort contre les proconsuls dont les excès, écrivait-il à son frère " déshonoraient la Révolution et la tueraient "

Le soulèvement vendéen, les défaites de Belgique, la tentative de Dumouriez d'entraîner son armée sur Paris pour proclamer Louis XVII amènent Robespierre à changer d'attitude .Après l'assassinat du président Le Peletier poignardé par le garde du corps Pâris qui voulait venger Louis XVI , le 20 janvier 1793, Robespierre s'oppose au vote d'une motion favorable à la peine de mort. " J'attaque le fond même de la motion, s'écrie Robespierre, elle est contraire à tous les principes. " Le 27 mars 1793, il prononce un discours : " Quand la République était tranquille au-dedans, et partout victorieuse dans ses armées, il était permis un instant d'essayer l'usage des principes de la générosité que nous dictaient nos mœurs… Mais quand l'aristocratie lève les armées au-dedans et tend les mains aux armées extérieures, quand le trône paraît n'avoir été renversé que pour se rétablir à la voix d'un nouveau tyran, c'est alors que le moment est venu pour les patriotes de reprendre dans toute son énergie cette haine vigoureuse et immortelle dont ils se sont montrés animés pour le nom des rois. "
Jaurès lui-même revenant sur l'évènement écrira dans LA CONVENTION, p.1769, " Dans ces heures si pleines, si prodigieusement concentrées, où les minutes valent des siècles, la mort seule répond à l'impatience des partis et à la hâte des choses. " Le poète et royaliste constitutionnel André Chénier n'écrit-il pas de son côté :
" O vertu ! Ce poignard, seul espoir de la terre,
Est ton arme sacrée… "

Croyez bien, monsieur le rédacteur (en chef) que les lois de l'Histoire et la psychanalyse freudienne méritent mieux que vos divagations morbides et que de piètres effets de style.
L'avis du professeur Albert MATHIEZ fait litière des calomnies que les nostalgiques de l'Ancien Régime ne cessent d'accumuler sur Robespierre. Savez-vous que ceux qui façonnèrent l'image du monstre sanguinaire furent précisément ceux qui complotèrent contre lui. " Si Robespierre, écrit Mathiez, se fit un cœur inexorable pour frapper les ennemis de la patrie, il s'efforça du moins de réduire la répression au strict nécessaire ". L 'Incorruptible rappelle Carrier qui sévit à Nantes, Tallien qui mène la vie de Sardanapale à Bordeaux, Fouché coupable d'avoir fait couler le sang à Lyon… Il blâme les excès des terroristes et retire le pouvoir révolutionnaire " des mains impures " de ceux qui en abusent. Et Albert MATHIEZ d'ajouter : " Nous pouvons donc conclure que Robespierre a représenté dans la Terreur la mesure, l'indulgence, l'honnêteté ".

L'Histoire est sujette à interprétation mais cela suppose préalablement que les faits soient établis et que le souci de la vérité l'emporte sur toute forme d'aveuglement.

André Warnet, citoyen, libre penseur et contribuable.

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