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Dessin de Serguei

Dossier établi par le service Société
Samedi 21 mars 1998

Le Front national est-il un parti comme les autres ? C'est-à-dire un parti respectant les valeurs fondatrices de la République, se revendiquant des droits de l'homme qui la fondent et s'efforçant de conjuguer la liberté, l'égalité et la fraternité ? Cette question est au coeur du désarroi qui s'est emparé de la droite républicaine. Ceux qui plaident pour l'alliance avec l'extrême droite banalisent ses idées et ses actes en s'abritant derrière son poids électoral : les premières seraient acceptables et les seconds tolérables parce que de plus en plus d'électeurs accordent leurs suffrages au FN. Le nombre vaudrait absolution. Pourtant, le Front national n'a jamais caché son jeu. Ce qu'il dit, ce qu'il propose, ce qu'il fait, on le sait. Le rappeler, tout simplement, tel est l'objectif de notre dossier, réalisé à partir de déclarations publiques et de faits connus

Ils ont dit

Ils ont proposé

Ils ont fait

Ils ont été condamnés

Ils ont dit

LES VALEURS

- " Mesdames et messieurs, les beaux esprits et les belles âmes de Paris et d'ailleurs prétendent que la politique que nous préconisons est une politique égoïste, xénophobe et raciste. Il n'en est rien car, en effet, nous ne faisons qu'appliquer en politique ce qui est la règle élémentaire du bon sens et qui commence d'abord par appliquer ses propres devoirs vis-à-vis de soi-même et des siens. Je l'ai dit à plusieurs reprises, j'aime mieux mes filles que mes nièces, mes nièces que les cousines, mes cousines que mes voisins. Il en est de même en politique, j'aime mieux les Français. " ( Jean-Marie Le Pen, 13 mai 1984.)

- " Mesdames, messieurs, je voudrais vous faire souvenir que le début de marxisation de ce pays a commencé par la grande vague de nationalisation de 1946. [... ] Et je vous dis, jeunes gens et jeunes filles, ce qui se prépare dans le pays actuellement sous vos yeux, c'est la mise en place de la révolution marxiste qui conduit au goulag, à l'esclavage et à la mort. " ( Jean-Marie Le Pen, 13 mai 1984.)

- " Nous croyons que la France occupe une place singulière en Europe et dans le monde, car notre peuple résulte de la fusion unique en soi des vertus romaines, germaniques et celtes. " ( Jean-Marie Le Pen, 4 mai 1988.)

- " Oui, nous sommes pour la préférence nationale car nous sommes pour la vie contre la mort, pour la liberté contre l'esclavage, pour l'existence contre la disparition. " ( Jean-Marie Le Pen, 15 mai 1991.)

- " Sur le fond des mélopées moroses de la décadence, au-dessus du tintamarre des exotismes de pacotille, pour le plus grand bien de l'humanité, de la France et des Français, doit s'élever à nouveau haut et clair le péan des combats antiques, le chant de guerre et de victoire, le chant d'amour et d'espoir. " ( Jean-Marie Le Pen, 3 mai 1996.)

- " Beaucoup de valeurs sacrées, morales, identitaires ou nationales défendues par le mouvement national ont été prônées dans le passé par des mouvements ou des penseurs contre-révolutionnaires, antidémocrates ou antirépublicains. La mission du Front national consiste précisément à rendre possible la renaissance de ces valeurs à l'aube du XXIe siècle dans le cadre de la République et du principe démocratique de la souveraineté populaire. " ( Bruno Mégret, mai 1996.)

   LES IMMIGRÉS

- " Demain, les immigrés s'installeront chez vous, mangeront votre soupe et coucheront avec votre femme, votre fille ou votre fils. " ( Jean-Marie Le Pen, 14 février 1984.)

- " Les étrangers présents sur le sol français devront renoncer à toute velléité de participation civique, tant au niveau d'élections politiques nationales ou locales qu'au niveau des élections professionnelles, telles celles des prud'hommes, de la Sécurité sociale, des comités d'entreprise ou en cas de déclenchement de grèves dans les entreprises. " ( Bruno Mégret, 16 novembre 1991.)

- " Les millions d'immigrés qui sont entrés en France ne sont pas, pour la plupart, entrés pour travailler puisque, théoriquement, il n'y a pas de travail, puisque nous avons déjà des millions de chômeurs. Ils n'y sont pas entrés non plus par simple amour de la France. C'est peut-être le cas de certains d'entre eux, mais ce n'est pas le cas de l'immense majorité. Ils y sont entrés parce que "Y a bon RMI", "Y a bon la sécu". " ( Jean-Marie Le Pen, 2 septembre 1992.)

   LES SYNDICATS

- " Le syndicalisme officiel, tel qu'il existe actuellement, n'est plus légitime. Les syndicats prétendument représentatifs n'assurent plus leurs fonctions au service des salariés. Ils ont tendance à détourner leur colère, à exploiter leurs problèmes et servent de supplétifs, aussi bien au pouvoir qu'au patronat. Ils ne dénoncent pas le danger majeur du mondialisme. Ils ne posent pas, non plus, les vraies questions, comme celle de la défense de l'exclusivité nationale dans les emplois publics. " ( Bruno Mégret, 24 octobre 1996.)

  L'EUROPE

- " Le traité de Maastricht détruit notre identité nationale. Il transfère la souveraineté à un super-Etat fédéral européen [... ] ; il interdit à la France toute politique d'immigration puisque les visas seront du ressort du conseil des ministres de l'Union européenne. " ( Jean-Marie Le Pen, 11 septembre 1992.)

  LA SHOAH

- " Je suis passionné par l'histoire de la seconde guerre mondiale. Je me pose un certain nombre de questions. Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié spécialement la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale. " ( Jean-Marie Le Pen, 13 septembre 1987.)

- " Je ne parle pas de four crématoire. Je fais un jeu de mots sur Durafour crématoire. Pourquoi ? Car M. Durafour à plusieurs reprises a dit qu'il souhaitait l'élimination totale du Front national. Alors ce jeu de mots me vient à l'esprit. " ( Jean-Marie Le Pen, 26 septembre 1988.)

  LES JUIFS

- " Il est d'ailleurs curieux que ce soient les mêmes qui réclament des frontières sûres et garanties pour Israël qui veulent qu'on détruise celles de la France. " ( Jean-Marie Le Pen, 1er mai 1992.)

  LA CULTURE

- " La ville de Toulon devra se priver des vocalises du chanteur Benguigui [Patrick Bruel]. Ses jappements de chiot mal lavé et mal élevé n'empêcheront pas le Front national de continuer son action politique en faveur des Français menacés d'être des parias dans leur propre pays. " ( Jean-Marie Le Pen, 21 juin 1995.)

- " La conception que j'ai de la culture est une conception restreinte, et par là-même élitiste [... ]. Rap, tag sont des modes passagères, des excroissances pathogènes [... ]. J'ai plus confiance dans les beautés de ceux qui nous ont précédés que dans celles de ceux qui vont nous suivre. " ( Jean-Marie Le Pen, 1er juin 1996.)

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Ils ont proposé

  L'ÉCONOMIE

- Supprimer l'impôt sur le revenu et réduire en conséquence les dépenses de l'Etat ;

- " réhabiliter les frontières " en contingentant les importations ou en mettant en place des " droits de douane équilibrant les écarts de coût de main- d'oeuvre " ;

- en matière d'agriculture, " restaurer intégralement la préférence communautaire et refuser le gel des terres " ;

- assurer l'autosuffisance de la France, tant pour la population que pour les troupeaux, en recourant " le moins possible à des approvisionnements extérieurs " et en prohibant les produits agricoles extra-européens.

  L'EUROPE

- Supprimer la Commission de Bruxelles et la remplacer par " un simple secrétariat général aux responsabilités et moyens limités " ;

- " redéfinir la nature de l'organisation de l'Europe " pour " mettre sur pied la Confédération de l'Europe des patries " ;

- remplacer l'OTAN par une " alliance militaire européenne ".

  LES INSTITUTIONS

- Permettre l'organisation de référendums sur " toute matière engageant l'avenir du pays " ; généraliser le scrutin proportionnel ;

- modifier les limites départementales sur proposition des conseils municipaux ; diminuer le nombre des régions, rapprocher leurs frontières de celles des anciennes provinces et limiter leurs compétences aux transports et infrastructures ;

- limiter le rôle de l'Etat à ses compétences " régaliennes " ( " ordre intérieur ", " sécurité extérieure ", " identité ", " équilibres financiers et économiques généraux ") ;

- limiter le ressort territorial des organismes sociaux, syndicats et ordres professionnels et faire " désigner " leurs membres " au scrutin proportionnel ".

  LA DÉFENSE

- " Mettre sur pied les moyens capables de s'opposer au danger multiforme représenté par l'installation sur notre sol de populations étrangères inassimilables.  "

LES MÉDIAS

- Rétablir les médias comme " outil de promotion des valeurs fondamentales du pays " ; créer une " haute juridiction des médias " chargée notamment de rétablir l'équilibre entre toutes les familles de pensée.

  LE RACISME

- Abroger les lois pénalisant les auteurs d'injures, propos, diffamations et discriminations racistes, tout comme celle instituant le délit de contestation de crime contre l'humanité.

  LA NATIONALITÉ

- Réserver aux enfants de Français la nationalité française ;

- naître en France ne donnerait plus droit à la nationalité ;

- imposer aux couples " mixtes " une " période probatoire " de dix ans pour le conjoint étranger désireux de devenir français ;

- la seule voie d'accès à la nationalité serait la naturalisation soumise à une " enquête de moralité " effectuée par la municipalité de résidence.

  L'IMMIGRATION

- Dénoncer les accords de Schengen ; - supprimer la possibilité pour les résidents étrangers d'être rejoints par leur conjoint et leurs enfants ;

- rapatrier trois millions d'immigrés en sept ans " dans le cadre d'accords bilatéraux de développement " ;

- supprimer les visas de court séjour en France et les remplacer " par un cautionnement obligatoire au montant dissuasif ".

  LA JUSTICE

- Rétablir la peine de mort pour les assassins d'enfants ou de vieillards, les meurtres de policiers ou de gendarmes, de gardiens de prison, convoyeurs de fonds, les trafiquants de drogue et les terroristes ;

- prohiber " toutes les formes de collégialité " dans les tribunaux " parce qu'elles déresponsabilisent les magistrats " ;

- autoriser les contrôles d'identité " dès qu'existent des éléments objectifs permettant de présumer la qualité d'étranger ".

  LE SOCIAL

- Réserver aux Français les emplois, la formation professionnelle, les aides sociales, le RMI, les logements sociaux et les allocations familiales ;

- réserver aux salariés le bénéfice du régime général de la Sécurité sociale et introduire la concurrence entre Sécurité sociale, mutuelles et assurances privées ;

- introduire la concurrence entre régimes de retraite par répartition et fonds de pension par capitalisation ;

- séparer les caisses de Sécurité sociale des Français de celles des étrangers ;

- supprimer les droits de succession en ligne directe.

  LA SANTÉ

- Instaurer un dépistage systématique du sida aux frontières. Les " ressortissants des pays à risques " devront se soumettre à un " test obligatoire avant d'accéder au territoire national ".

  LA FAMILLE

- Considérer l'avortement comme un " acte médical d'exception ", remettre en question sa légalisation, supprimer son remboursement et faciliter l'adoption de l'enfant à naître ;

- donner aux parents autant de fois le droit de vote qu'ils ont d'enfants mineurs ;

- instaurer un " revenu parental " versé pendant trois ans pour les familles d'un ou deux enfants et jusqu'aux dix-huit ans du dernier-né pour les familles de trois enfants.

  L'ÉDUCATION

- Instaurer la concurrence entre écoles publiques et privées en supprimant la sectorisation et en distribuant des " chèques scolaires " aux parents afin de leur permettre de choisir l'établissement ;

- " rétablir les examens, les notations, les classements et les prix " ;

- " rétablir la sélection " dans les études secondaires ainsi qu'à l'université " tant à l'entrée qu'au cours des études ", un " chèque universitaire " étant versé à chaque étudiant en fonction de ses résultats.

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Ils ont fait

LE PERSONNEL MUNICIPAL

- " Je considère que la gestion de Toulon, Marignane et Orange est une bonne gestion ", déclare Bruno Mégret le 5 février 1997 sur RMC.

- Le 6 janvier 1998, Philippe de Beauregard, chef du cabinet du maire de Toulon, est mis en examen pour " recel de preuve ". Il est soupçonné d'être impliqué dans une affaire de pots-de-vin : une employée municipale avait promis à un habitant de Toulon un emploi dans les services de la ville, moyennant le versement de 30 000 francs.

- Raymond Lecler, directeur du cabinet de Daniel Simonpieri, maire FN de Marignane, explique, le 1er septembre 1997, dans une lettre adressée à Jean-Marie Le Pen, les raisons de sa démission. Il accuse les " dérives personnelles du maire ", dit refuser d'être " complice d'un usage des deniers publics à des fins personnelles " et être déçu " quant à l'application du programme ".

- Le 30 janvier 1998, Jean-Marie Le Chevallier revendique " absolument ", devant le conseil municipal, la mise en oeuvre de " la préférence familiale " dans les embauches de la mairie de Toulon. " Il est normal qu'on préfère recruter la fille de M. Lunardelli [adjoint FN] que la fille de M. Gaïa [conseiller PS].  " Le maire répondait ainsi à une question concernant une lettre envoyée aux services par son épouse, adjointe chargée de la jeunesse, et qui demandait, le 4 décembre 1997, que soient embauchés " des employés sympathisants du Front national [ ... ] ou totalement neutres ".

- Alors que plusieurs fonctionnaires municipaux en désaccord avec le Front national dénoncent les pressions et chantages exercés par la nouvelle municipalité d'Orange, Pierre Nouveau, délégué FO des fonctionnaires territoriaux, se suicide dans son bureau (31 mai 1996).

  LA " PRÉFÉRENCE NATIONALE "

- Bruno Mégret, porte-parole de la municipalité de Vitrolles, annonce la création d'une allocation municipale " de naissance " de 5 000 francs versée aux " parents français ou européens " de nouveau-nés vitrollais. " Il est normal que les Français soient prioritaires chez eux, en France, et les Européens en Europe ", dit M.  Mégret (22 janvier 1998).

  LES ASSOCIATIONS

- Aussitôt élue, la municipalité de Marignane supprime les crédits et le local mis à la disposition de l'association L'éclat, qui fait de l'alphabétisation et du soutien scolaire. De même, le maire refuse de continuer à mettre à la disposition des Restos du coeur un camion et deux employés municipaux.

- Le 22 mars 1996, la municipalité de Toulon vote son premier budget. Contrairement aux engagements de M. Le Chevallier de baisser les impôts, une augmentation de plus de 9 % est adoptée. Les subventions aux associations sont revues : celle du Centre communautaire israélite est supprimée, celle de la Société des amis des chats augmente de 40 000 francs, tandis que le Secours populaire obtient 8 000 francs.

- Dans les semaines qui suivent son élection, le 9 février 1997, à la mairie de Vitrolles, Catherine Mégret et son conseil municipal suppriment des subventions à des associations, dont la régie de quartier de la cité des Pins, et se séparent de plusieurs animateurs de quartier. Une vive polémique est engagée avec le commissariat de la ville, accusé par la mairie de pas remplir ses tâches.

- Après sa démission, en janvier 1996, du poste de directeur du service des sports de la ville de Marignane, Joseph Mahmoud, vice-champion olympique du 3000 mètres steeple en 1984, déplore " la casse " du Jogging international de Marignane, un des clubs d'athlétisme les plus prestigieux de France. Plusieurs athlètes d'élite ont rejoint d'autres clubs après que le premier adjoint au maire eut déclaré, peu après l'élection de la municipalité FN, que la dizaine de sportifs embauchés comme employés municipaux ne seraient " plus payés pour courir, mais pour travailler 37 h 30 par semaine ".

  LES BIBLIOTHÈQUES

- Le 4 septembre 1996, Jean-Christian Tarelli, premier adjoint au maire (FN) de Marignane, demande à la directrice de la bibliothèque municipale d'interrompre les abonnements aux quotidiens Libération et La Marseillaise et à l'hebdomadaire L'Evénement du jeudi, pour les remplacer par trois publications proches de l'extrême droite : Présent, Rivarol, National-Hebdo. Le 10 juin 1997, le tribunal administratif de Marseille annule cette décision pour des raisons de forme. Par la suite, l'achat de certains ouvrages par la bibliothèque municipale sera refusé " pour des raisons économiques ". En revanche, début 1997, soixante-quinze livres rédigés par des auteurs du Front national ou d'extrême droite ont été commandés sans que les bibliothécaires en aient été avertis.

- La dernière bibliothécaire municipale de l'équipe en place avant l'élection de Jacques Bompard à la mairie d'Orange démissionne, le 1er février 1997. Une de ses anciennes collègues dénonce alors la censure effectuée dans les choix de livres par l'adjoint à la culture, Gilbert Lagier.

  L'ÉCOLE

- A la rentrée scolaire 1995, la municipalité de Marignane décide de supprimer les menus spéciaux dans les cantines de la commune, qui permettaient de proposer aux enfants de religion juive ou musulmane des plats de substitution ne contenant pas de porc. Cette mesure a été depuis reconduite.

- Le conseil municipal de Marignane décide, le 24 juin 1996, de réserver les cantines scolaires aux seuls enfants dont les deux parents peuvent prouver qu'ils travaillent. Le 27 novembre, le tribunal administratif ordonne le sursis à exécution de cette délibération.

  LA CULTURE

- A Orange, Jacques Bompard, aussitôt élu, décide de supprimer la subvention municipale de 1 million de francs permettant l'organisation des Chorégies. Après plusieurs semaines de polémique, le ministère de la culture se substituera à la ville.

- En juin 1995, s'engage un long bras de fer entre Jean-Marie Le Chevallier, maire de Toulon, et Gérard Paquet, créateur du Théâtre national de la danse et de l'image (TNDI) de Châteauvallon. Avec le soutien du préfet Jean-Charles Marchiani, le maire multipliera les procédures tandis que les intellectuels et artistes se mobilisent. Gérard Paquet est licencié le 1er février 1997, et le maire demande la dissolution de l'association de Châteauvallon.

- Le 4 juin 1996, Jean-Charles Marchiani, préfet du Var, demande au Théâtre de Châteauvallon de ne pas programmer le groupe de rap Suprême NTM lors de son festival de la fin juillet. M. Le Chevallier approuve cette mesure préfectorale.

- Le 21 octobre 1996, le maire de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, ne juge " pas opportun " l'invitation faite à Marek Halter par les organisateurs de la Fête du livre et demande que des stands soient réservés à des éditeurs d'extrême droite. Plusieurs libraires refusent alors de participer à cette manifestation, qui sera finalement organisée dans la commune voisine de La Garde. En 1997, la municipalité organisait à nouveau sa propre Fête du livre, rebaptisée " la Fête de la liberté ".

- Le 6 octobre 1997, Catherine Mégret, maire de Vitrolles, fait murer les locaux du café-musique le Sous-Marin, après avoir pris un arrêté de fermeture. " L'ambiance n'était pas saine ", explique la municipalité qui, en juin, avait supprimé les subventions à cette association.

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Ils ont été condamnés

16 NOVEMBRE 1987

Jean-Marie Le Pen est condamné à 5 000 et 3 000 francs d'amende par le tribunal de Paris pour " provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciales " à propos d'un tract publié en 1983 lorsqu'il était candidat au mandat de conseiller municipal du 20e arrondissement de Paris et pour avoir présenté la présence d'immigrés en France comme une " véritable invasion ", le 14 février 1984, à l'émission " L'heure de vérité ", sur Antenne 2. Cette décision a été confirmée par la cour d'appel de Paris, le 29 mars 1989.

  18 DÉCEMBRE 1991

Jean-Marie Le Pen est condamné à 100 000 francs de dommages et intérêts par la cour d'appel de Versailles pour avoir affirmé, lors de l'émission " Le grand jury RTL- Le Monde " du 13 septembre 1987, à propos de la contestation des chambres à gaz par des écrivains révisionnistes : " Je n'ai pas étudié la question mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale .  "

  27 MAI 1992

Le tribunal de Paris condamne Jean-Marie Le Pen pour diffamation à 1 franc de dommages et intérêts pour avoir qualifié Jean-Christophe Cambadélis, animateur du Manifeste contre le Front national, d' " ami des organisations terroristes allemandes ".

  3 JUIN 1993

La cour d'appel de Paris confirme la condamnation en première instance de Jean-Marie Le Pen à une amende de 10 000 francs pour son calembour " Durafour-crématoire " proféré aux dépens de Michel Durafour, le 2 septembre 1988, lors de l'université d'été du Front national à Cap-d'Agde (Hérault).

  6 JANVIER 1997

Le tribunal de Strasbourg condamne Jean-Marie Le Pen à verser 1 franc symbolique pour diffamation à l'association Ras l'Front, qu'il avait qualifiée de " mouvement de tueurs de flics ".

 4 JUILLET 1997

Le tribunal de Paris condamne Jean-Marie Le Pen à 5 000 francs d'amende pour avoir traité de " gros zébu fou " le président de SOS-Racisme, Fodé Sylla.

  26 DÉCEMBRE 1997

Le tribunal de Nanterre, statuant en référé, condamne Jean-Marie Le Pen à 1 franc de dommages et intérêts et à la publication du jugement dans dix journaux pour avoir déclaré, le 5 décembre à Munich, que dans " un livre de mille pages sur la seconde guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail ". Ces mêmes propos lui ont valu, courant décembre, une mise en examen pour " contestation de crimes contre l'humanité ", notifiée par le juge d'instruction parisien Jean-Paul Valat.

  19 ET 20 FÉVRIER 1998

Jean-Marie Le Pen comparaît devant le tribunal correctionnel de Versailles pour " violences en réunion " et " injures publiques " pour avoir violemment pris à partie la candidate socialiste aux élections législatives à Mantes-la-Jolie, Annette Peulvast-Bergeal, lors d'incidents survenus le 30 mai 1997. Le procureur a requis contre M. Le Pen une peine de trois mois de prison, éventuellement assortie de sursis, une amende de 20 000 francs, ainsi que la privation de ses droits civiques, civils et de famille pendant deux ans, ce qui le rendrait inéligible. Jugement le 2 avril.

  9 MARS 1998

La cour d'appel d'Aix-en-Provence confirme la condamnation de Catherine Mégret, maire (FN) de Vitrolles, à trois mois de prison avec sursis et 50 000 francs d'amende pour " complicité de provocation à la haine raciale ". Mme Mégret avait notamment déclaré, en février 1997, au quotidien allemand Berliner Zeitung que " les immigrés [... ] , ils font je ne sais combien combien de gamins, qu'ils mettent dans la rue. Ils font des gamins pour toucher des allocations, ils ne les élèvent même pas. [...] Vous interrogez n'importe qui, à part une personne de mauvaise foi, on va vous répondre qu'effectivement il y a des différences entre les races, il y a des différences entre les gènes. C'est ce que disait M. Le Pen."


Après le présent article ...

  2 AVRIL 1998

La chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Versailles condamne M. Jean-Marie Le Pen pour " violence en réunion " et " injures publiques " à deux ans de privation de ses droits civiques, ce qui entraîne son inégilibilité et la destitution de ses mandats de conseiller régional et de député européen, ainsi qu'à 20 000 francs de dommages et intérêts à Annette Peulvast-Bergeal. Ce jugement fait suite à l'agression dont avait été victime la candidate socialiste, aujourd'hui députée, le 30 mai 1997 à Mantes-la-Jolie. Le leader du Front National a décidé de faire appel.

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